Une maison à travers les âges

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Le « pavillon des Jonquilles », la belle propriété du 37 rue Jean le Coz, abrite le siège de la Société historique de Rueil-Malmaison (S.H.R.M.) et d’autres services. Mais elle a connu depuis le XVIIIe siècle une grande diversité d’occupants et de multiples utilisations. Retour en arrière…

Elle a failli devenir l’hôtel de ville ! En 1854, le bâtiment de la mairie de Rueil-Malmaison était exigu et vétuste. Une proposition est faite au conseil municipal, d’acquérir une grande et belle maison située au 37 rue de Marly, l’actuelle rue Jean le Coz. Malgré l’avis très favorable de la commission constituée pour étudier le projet, celui-ci est abandonné. La bâtisse était en effet à vendre, après avoir abrité pendant dix ans une pension de jeunesse tenue par les époux Mathias. Créée en 1840, l’institution jouit très vite d’une grande renommée à Rueil et alentour, grâce à la qualité des installations, de l’instruction, de la nourriture, de l’hygiène… À l’époque, on peut lire : « (…) Cette institution, par la spécialité et la direction de ses études, ne craint pas de rivale dans les environs de Paris. » Mais le succès épuise le couple et pousse Armand Louis Mathias à céder l’établissement à un successeur. Hélas le nouveau directeur, l’abbé Guichard, ne pourra jamais mettre en œuvre son programme éducatif, ne disposant pas des diplômes nécessaires pour enseigner…

Une grotte en forme de rocher

La propriété offrait pourtant un cadre tout à fait approprié. Alors qu’elle avait longtemps appartenu au domaine de Bois-Préau, elle était devenue en 1774 la propriété de Nicolas Jean Baptiste Denis, qui voulait en faire sa maison de campagne. Le chevalier conseiller du roi, premier président du bureau des finances et auditeur honoraire en la chambre des comptes, démolit les anciens bâtiments pour ériger une grande maison bourgeoise. Le principal corps de logis comprend alors, entre autres pièces, un salon octogonal en avant-corps sur la façade et est entouré de deux ailes. Deux autres bâtiments s’élèvent de chaque côté de la cour, occupés par les cuisines, la lingerie, le bûcher, la remise, l’écurie, l’étable… Les grilles ouvrent sur une grande cour agrémentée d’une pièce d’eau. L’arrière de la maison recèle un magnifique jardin avec une autre pièce d’eau traversée par un pont en bois et au fond, une grotte en forme de rocher d’où l’eau s’écoule dans un bassin. Une serre et une orangerie complètent l’ensemble, ainsi qu’une basse-cour. Le tout s’étend sur plus de 5000 m² jusqu’à la ruelle Girouix.

Des laboratoires de biologie

Passée notamment entre les mains de Jean Joseph d’Herbes, nommé maire de Rueil-Malmaison en 1822 à la suite de la démission de Bertin, la propriété retrouve, après l’épisode de la pension, sa fonction d’habitation bourgeoise en 1857. Cette année-là, trois propriétaires l’acquièrent ensemble, les époux Benois et le général Noël Varin-Bey, de retour en France. Le très honorable officier avait quitté le pays en 1827, probablement pour fuir ses créanciers et s’était retrouvé au service du pacha vice-roi d’Égypte, qui lui avait délivré le titre de bey, un titre qu’il avait décidé d’accoler à son patronyme.

La maison demeure une résidence principale jusqu’en 1924, quand les pharmaciens Drouet et Plet la transforment en laboratoires de biologie et de physiologie appliquée. La société emploie alors une centaine de salariés, auxquels s’ajoutent vingt-cinq représentants. Elle est dissoute au décès de M. Plet. L’Institut français du pétrole rachète les locaux et les transforme en bureaux, ce qu’ils sont toujours pour la S.H.R.M. et d’autres associations rueilloises. Une occupation qui contribue à entretenir la mémoire de ce vestige du passé.

 

Devenue propriété de la Ville en 2006, le pavillon des Jonquilles est aujourd’hui le siège municipal du pôle Cadre de vie, de la Maison des associations, de la Maison du Combattant et depuis octobre 2017, de la Société historique de Rueil-Malmaison.