Quand l’école Jean-Jaurès était l’école de la Réunion

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À l’occasion de l’ouverture de la nouvelle école Jean-Jaurès, petit voyage dans le temps à la découverte de cet établissement jadis réservé aux filles...

L’histoire de l’école de la Réunion remonte au XIXe siècle et elle est inextricablement liée à celle de l’éducation des filles, car ce n’est qu’un siècle plus tard que celles-ci ont pu prétendre à la même instruction que les garçons. « Avant cette date, l’éducation des demoiselles était souvent confiée aux institutions religieuses ; c’était le cas à Rueil, où les Filles de la Croix dirigèrent un établissement de 1644 à 1799 », explique Liliane Kalenitchenko, ancienne chargée de mission auprès du cabinet du maire et mémoire de Rueil.

Une école laïque pour les filles

Cependant, en 1869, le conseil municipal accède à la demande de certains Rueillois qui réclamaient une école communale laïque pour les filles, à l’exemple de celle de la place de l’Église réservée aux garçons. C’est ainsi que, deux ans plus tard, des classes pour les filles sont installées dans une maison de location sise au 14 place de la Réunion. Mais cela ne suffit pas ! La place manque, et la mairie entame des tractations pour acquérir une partie de la grande propriété donnant sur la place du Marché, la rue de la Réunion et l’avenue de Paris (l’actuel boulevard Paul Doumer). En 1890, l’école de la Réunion comprend trois classes... de 57, 54 et 45 élèves ! L’année suivante, la Ville décide de la restructuration de l’établissement : le bâtiment central (celui qui accueille aujourd’hui le C.C.A.S.) est élevé d’un étage, un préau ouvert est construit dans la cour de récréation, et de nouvelles classes sont créées (elles sont chauffées par calorifère, puis par chauffage central). À la veille de la Grande Guerre, l’école de filles compte dix classes (huit primaires, un cours complémentaire et une salle de coupe et de dessin), mais les effectifs ne cessent d’augmenter. La mairie estime qu’il faudrait changer la structure et construire un autre groupe scolaire : les événements à venir allaient mettre fin à tous ces projets...

Les « intervenants »

À la fin de la guerre, en 1919, une réflexion sur l’avenir de l’établissement s’impose : sur les dix classes, l’une accueille 95 élèves et trois autres, 70 en moyenne ! En marge du programme de culture générale, la musique, l’éducation physique, la couture et la peinture ne sont pas oubliées : les « intervenants » de l’époque y veillent... De plus, afin d’assurer aux jeunes filles un « bagage » d’entrée dans la vie active, une enseignante de sténo vient leur donner des cours.

L’école Jean-Jaurès...

Les années passent, et l’école accueille de plus en plus d’élèves. « Cette hausse constante, due à la fois à l’augmentation de la population au centre-ville et au fait que les jeunes filles poursuivent leur scolarité au cours complémentaire, conduit à la création de nouvelles classes jusqu’à saturation du bâtiment, indique Denise Marie-Vignale, membre de la S.H.R.M. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle l’école de filles n’est pas occupée et ne subit pas de dégâts majeurs, le cours complémentaire est détaché à la Ménagère (1). » En 1953, l’école de la Réunion, à nouveau réservée aux élèves du primaire, devient l’école Jean-Jaurès (tandis que celle des garçons prend le nom de Jules-Ferry).

…jusqu’en 1975

L’école Jean-Jaurès reste un établissement destiné aux filles jusqu’en 1975, lorsque la mixité devient obligatoire (2). Entre-temps, afin d’accueillir tous les élèves (maternelle et élémentaire), un nouveau bâtiment préfabriqué est construit derrière les anciens locaux (voir encadré). Quand la nouvelle école George-Sand ouvre ses portes en 1975, les périmètres scolaires changent, et les élèves du centre-ville sont répartis entre les établissements. Les bâtiments de la place Jean-Jaurès (dont certains sont détruits et d’autres, agrandis) abritent successivement le conservatoire de musique, l’université libre de Rueil-Malmaison, l’école des beaux-arts, des services municipaux... jusqu’aux travaux les plus récents de réhabilitation du cœur de ville.

(1) Institution fondée par le couple Tuck-Stell .

(2) En application de la loi Haby du 11 juillet 1975

 

Au fil du temps, cet ancien édifice a été progressivement démoli. Il n’en reste aujourd’hui que la partie centrale (abritant le C.C.A.S.). Dans les années 60, un bâtiment en préfabriqué a été construit derrière celle-ci. Il a survécu jusqu’à sa destruction en 2011, lorsque la Ville, le jugeant vétuste, a décidé de construire une nouvelle école .