Quand on fêtait la Saint-Napoléon

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Le saviez-vous ? Durant plus d’un quart de siècle, la France a célébré la Saint-Napoléon. Retour sur cette fête solennelle, mais aussi populaire, surtout à Rueil-Malmaison, ville impériale !

15 août 1806. L’église de Rueil, entièrement illuminée et ornée de guirlandes, offre à la vue du public un buste de l’empereur posé sur un piédestal au milieu du portail. Au-dessus, cette banderole : « Honneur et gloire soient rendus au vainqueur d’Austerlitz, Napoléon le Grand, pacificateur universel ». Le maire Alexis Bertin a proposé de « célébrer aux frais de la commune un jour qui doit être cher à tous les Français ». Par son attachement à l’empereur, Rueil ne pouvait pas faire moins pour la Saint-Napoléon…

Un grand bal public

C’est par un décret du 19 février 1806 que le jeune empereur institue dans toutes les communes cette fête nationale chômée, pour commémorer sa naissance, mais aussi le rétablissement de la religion catholique en France par la signature du concordat de 1801. La date est fixée le jour de son anniversaire, le 15 août, et un saint Neopolis, martyr au début du IVe siècle, est transformé en saint Napoléon. D’année en année, la fête prend davantage d’éclat. Le matin, un cortège réunissant le conseil municipal et la gendarmerie défile de la mairie à l’église pour assister à la messe et au Te Deum. On procède à « la publication de la paix » dans toute la ville, avec la pompe et la splendeur attendues pour un tel événement. Le soir, les Rueillois se retrouvent sur la place de l’église pour un grand bal suivi d’un feu d’artifice.

Interruption en 1815

En 1813, on envisage même de marier une fille sage à un ancien militaire qui aura servi honorablement la patrie, afin de célébrer ce jour « avec le plus de magnificence possible ». Le conseil municipal n’y renonce que parce que cela augmenterait les dépenses… On se contente alors d’agrémenter la fête de danses, jeux et autres divertissements au lieu-dit « Quinconce des marronniers », en face du parc du Maréchal-Masséna (place Richelieu).

La célébration de la Saint-Napoléon s’interrompt en 1815 avec la chute de l’Empire, remplacée par la Saint Louis, le 25 août, en hommage au roi Louis XVIII. Elle est rétablie par Napoléon III dès le 15 août 1852, avant même la proclamation du Second Empire.

« Vive l’empereur ! »

Dans un Rueil largement pavoisé, le cérémonial, très solennel, débute le matin par une distribution de pain, de viande et de vin aux indigents inscrits au bureau de bienfaisance. À midi, un cortège fourni, le maire en tête, se rend à l’église décorée de drapeaux et d’écussons à l’aigle impérial, pour assister au Te Deum. L’orphéon de Rueil et la musique du régiment égaient la cérémonie, à laquelle assiste un public toujours nombreux. Certaines années, des personnalités honorent même la ville de leur présence, tels la reine Marie-Christine d’Espagne et son époux, le duc de Riansares, en 1853.
À la sortie de l’église s’élèvent des « vive l’empereur ! » à la gloire de Napoléon III. Et le soir, les habitants illuminent la ville en garnissant leurs fenêtres de lampions. Comme le consignent chaque année le maire Adrien Cramail et le commissaire de police dans leur compte rendu au préfet, « la population de Rueil, si profondément dévouée à S.M. l’Empereur, était heureuse de pouvoir manifester son attachement en ce jour de fête ». Mais le 15 août 1870, le cœur n’y est plus. La Saint-Napoléon s’éteint.

 

Ode à l’Empereur (1807)
« Lorsque Napoléon, prudent  et belliqueux, Signale des exploits dont on n’a nul exemple, Ce héros invincible et prince généreux, Dans le cœur des Français sut s’ériger un temple. Quand nous lui présentons l’encens qui (lui) est dû, L’auguste Joséphine en partageant sa gloire, Participe à l’hommage offert à sa vertu ».