Noël d’autrefois

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Chaque année, nous vous présentons dans ce magazine les manifestations organisées à l’occasion des fêtes de fin d’année à Rueil. Une tradition qui dure depuis plus d’un siècle…

Les premières célébrations publiques de Noël dans notre ville datent de 1885.

La marquise de Bonneval, sœur du duc de Cadore, propriétaire du château de Buzenval, voulant perpétuer le souvenir de cette famille bienfaitrice, offre à l’église, en décembre 1885, « un splendide arbre de Noël aux branches duquel étaient suspendus, entre autres objets, plus de 700 oranges et quantité de jouets. Mille à onze cents enfants sont ainsi gâtés sans distinction de religion ou d’appartenance politique », explique Dominique Helot-Lécroart de la S.H.R.M.

Au temps de Roger Jourdain

Par la suite, ce serait sous la mandature de Roger Jourdain qu’un arbre de Noël aurait été officiellement offert aux enfants de Rueil dans les salons de l’hôtel de ville. « Maire atypique élu le 20 mai 1900 et artiste peintre d’une certaine notoriété, Roger Jourdain fréquente avec sa femme, née Henriette Dubois de Moulignon, les musiciens, peintres et écrivains de l’époque dans le salon que tient à Paris sa sœur, Madame de Saint Marceaux, propriétaire d’une maison chemin des Vignes à la Jonchère », ajoute Liliane Kalenitchenko, ancienne chargée de mission au cabinet du maire et mémoire de la ville. Un comité des fêtes à but philanthropique est constitué pour venir en aide aux malades indigents et aux personnes nécessiteuses. Des concerts, des bals, des tombolas dotées de très nombreux lots offerts par toutes les personnalités, les commerçants et anonymes de la ville sont ainsi organisés.

Guignol

Mais la principale manifestation est une fête de bienfaisance autour d’un arbre de Noël, préparée par un groupe de dames patronnesses dirigé par Madame Roger Jourdain. Quelques jours auparavant, des vêtements sont distribués aux enfants des familles nécessiteuses. En 1903, Le Réveil ruellois écrit : « On ne peut imaginer rien de plus touchant que ce défilé silencieux et ému d’enfants, filles et garçons, auxquels des cœurs charitables plus favorisés par la fortune se sont intéressés [...] Dans la grande salle de la mairie, appelés un à un du vestibule comble où régnait un silence relatif, ils arrivaient, et aussitôt des mains expertes avec cette douceur maternelle innée au cœur de la femme les accaparaient et leur essayaient leur petit d’hiver. Plus de 400 enfants ont reçu vêtements, bas, chemises, tabliers, amoncelés sur le sévère tapis vert de nos édiles. » Le jour de Noël, tous les enfants de la ville sont conviés dans les salons de l’hôtel de ville à assister (à tour de rôle) à un spectacle de Guignol et une séance de prestidigitation donnée par un grand illusionniste du théâtre Robert-Hodin de Paris. À la suite de la représentation, les dames patronnesses distribuent sucres de pomme, oranges, bonbons et jouets (dominos, jeux de dames, lotos, cordes à sauter, raquettes et volants, trompettes, etc.).

Après la guerre

Cependant, cette manifestation ne survit pas à la démission de Roger Jourdain en 1906. Mais, en 1909, on annonce la création d’un arbre de Noël sous la présidence du tout nouveau curé, l’abbé Faivre. D’autres arbres de Noël sont également célébrés dans les quartiers, les écoles et les associations. Les archives évoquent l’existence, en 1946, d’un « comité de l’arbre de Noël unique de Rueil-Malmaison », composé de représentants de tous les groupements de la commune. Une fête est organisée pour tous les enfants âgés de 6 à 12 ans, quel que soit l’établissement scolaire fréquenté, car « nombreux seront certainement, cette année, ceux dont le Père Noël ne visitera pas la cheminée [...] La dureté des temps oblige les familles à des restrictions excessives. Il ne faut pas que l’enfance souffre, à l’occasion de cette fête, de l’âpreté et des difficultés des temps actuels. »