Mémoires de guerre

Publié le - Mis à jour le

Chaque 19 janvier, Rueil célèbre l’anniversaire de la bataille de Buzenval, tentative désespérée de briser le siège de Paris imposé par l’armée prussienne. Un hommage aux quelque 90 000 soldats et volontaires français engagés dans cet affrontement décisif de la guerre de 1870.

Rues du 19 Janvier, du Général Carrey de Bellemare, du Général Colonieu, du Colonel de Rochebrune, du Lieutenant Colonel de Monbrison, du Commandant Jacquot, du Marquis de Coriolis, Henri Regnault, école Alphonse Daudet, sans oublier le monument de Buzenval et celui de la rue du Commandant Jacquot... Notre ville entretient, par ces références quotidiennes, le souvenir des combats dont elle fut le théâtre à l’aube de la IIIe République. Près d’un siècle et demi plus tard, elles nous invitent à nous remémorer un épisode tragique de notre histoire.

Une « sortie » refoulée

À l’issue de la défaite française de Sedan, l’armée des États allemands coalisés déferle sur le nord de la France et s’approche dangereusement de la capitale. Après que la déchéance de l’empereur Napoléon III a été prononcée, la IIIe République est proclamée le 4 septembre 1870. Un gouvernement de défense nationale est alors instauré, dirigé par le général Trochu. Faute de résistance à sa progression, l’ennemi allait bientôt soumettre Paris à un terrible blocus. Dans ce contexte de privations et de psychose, les autorités françaises multiplient les opérations de fortification et envisagent des percées susceptibles de desserrer l’étau prussien. Le 21 octobre 1870, le général Ducrot, inquiet de l’avancée des troupes de Bismarck – dont l’état-major a établi ses quartiers à Versailles –, lance une première offensive, appuyée par l’artillerie, en direction de Saint-Cucufa, de la Malmaison, de Buzenval et de la Jonchère. Une foudroyante contre-attaque allemande contraint pourtant les forces françaises à battre en retraite, tandis que les habitants de Buzenval, venus en aide à leurs compatriotes, subissent une sévère répression.

L’armée française joue son va-tout

Suggéré par le général Carrey de Bellemare, le second assaut intervient le 19 janvier 1871. Sur un front exigu, de la redoute de Montretout à la Jonchère, trois colonnes, conduites par les généraux Ducrot, Carrey de Bellemare et Vinoy, marchent sur Montretout, Buzenval et la porte de Longboyau. Les Prussiens tirent parti de leur supériorité et de la désorganisation française pour répliquer et semer une effroyable confusion dans les rangs tricolores. Le général Trochu ordonne la retraite en pleine débandade. Les pertes s’avèrent conséquentes : 4070 tués ou grièvement blessés, pour moitié issus de la Garde nationale (contre 41 officiers et 570 soldats ennemis). Plusieurs personnalités, souvent volontaires, périrent au champ d’honneur, dont le marquis de Coriolis, le peintre Henri Regnault, l’explorateur Gustave Lambert, le colonel de Rochebrune et le lieutenant-colonel de Monbrison. Peu après cette déroute française, l’armistice est signé par Jules Favre et Bismarck, le 28 janvier 1871, entraînant la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. Le lendemain, l’état-major donne l’ordre de reddition du fort du mont Valérien.

Une mémoire vivace

En souvenir du sacrifice des soldats de la IIIe République naissante, mais aussi des Rueillois qui vécurent ce sanglant affrontement militaire, la Ville organisera, le mercredi 19 janvier prochain, à 19h30, une cérémonie au monument commémoratif de Buzenval, rue du Général-Colonieu, en présence de nombreux élus, dont le maire et Didier Ducros, maire adjoint aux Anciens Combattants, et des porte-drapeaux de Rueil et Garches. Le rappel des faits historiques, les allocations et la projection d’un diaporama sur les combats, réalisé par Jean-Pierre Simon seront suivis d’un dépôt de gerbe. De son côté, le Souvenir français, présidé par Jean-Pierre Didrit, également maire adjoint, prélèvera, comme chaque année, la flamme sacrée à l’Arc de Triomphe, ravivée ensuite au monument de Buzenval. Un moment de recueillement collectif auquel toutes les générations sont conviées.