Marcel Pourtout, « notre » héros

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« Un homme de devoir, un combattant, un être intègre, honnête et probe » : c’est en ces termes que Jacques Baumel, alors maire de Rueil, salua la mémoire de Marcel Pourtout lors de ses obsèques. Le « poilu » et ancien premier édile de Rueil-Malmaison était décédé quelques jours plus tôt, le 29 août 1979, au terme d’une vie en tous points remarquables… 

Le souvenir de Marcel Pourtout est indissociable de la Grande Guerre. Mobilisé en 1914 à tout juste vingt ans, le jeune homme se distingue au front par son sang-froid, son autorité, son mépris du danger. Affecté comme téléphoniste, il pose et répare les lignes dans des endroits en proie aux bombardements pour assurer le maintien des communications. Régulièrement, ses supérieurs louent son courage, sa ténacité, son dévouement. Décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre, avec deux palmes et deux étoiles, il recevra la Croix de chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire le 11 novembre 1951. 

La carrosserie Pourtout

En 1919, il retrouve sa femme Henriette, épousée le 30 septembre 1916 lors d’une de ses rares permissions. Il renoue également avec sa passion pour l’automobile et poursuit sa vocation de carrossier. Il se met à son compte en 1925 en créant son propre atelier 
à côté de son domicile de Bougival. La carrosserie Pourtout développe rapidement une clientèle fidèle qui la conduit à s’agrandir. L’entreprise déménage à Rueil-Malmaison en 1936, pour s’installer dans l’ancienne usine des Automobiles Hurtu, avenue Paul Doumer. Parallèlement à ses différents contrats avec des constructeurs, Marcel Pourtout carrosse des voitures à l’unité pour des clients privés comme le baron Empain ou encore Mistinguett, sa voisine à Bougival. Comme le clame sa publicité : « Toujours de nouvelles créations, de luxe et de bon ton ! » 

Maire de Rueil

Spécialiste désormais réputé des carrosseries sportives, Marcel Pourtout délaisse quelque peu son entreprise durant la Seconde Guerre mondiale, tout occupé à ses nouvelles fonctions : il est nommé maire de Rueil par un arrêté préfectoral du 5 mai 1941 et donne une nouvelle fois la mesure de sa personnalité. Alors que les Allemands réclament des coupables pour l’attentat perpétré contre la caserne dans laquelle ils logent, il refuse de leur fournir une liste de Rueillois à fusiller, se proposant à la place ainsi que tous les membres de sa famille… Marcel Pourtout quitte les affaires municipales à la Libération, en 1944, pour mieux y revenir trois ans plus tard : il est élu maire de Rueil en octobre 1947, puis de nouveau en 1953, 1959 et 1965. En 1971, il est encore sur la liste de Jacques Baumel mais se retire définitivement le 20 mai 1972, pour profiter d’une retraite bien méritée. Durant ses quelque trente années de mandat, il aura contribué à transformer la petite localité rurale de 1941 en une agglomération urbaine de 65 000 habitants en 1971. La ville lui doit de nombreuses réalisations et quantité d’équipements scolaires et sportifs. Comme la piscine, dont la première pierre est posée en octobre 1970 au bord d’un chemin rebaptisé boulevard Marcel Pourtout en novembre suivant.

Passé à la postérité

L’homme a résolument marqué notre histoire et inspire encore aujourd’hui. Durant l’année scolaire 2017-2018, les élèves de CM2 de l’école Albert Camus ont travaillé sur ce « poilu » dans le cadre d’un programme sur le devoir de mémoire. Les documents fournis par la Société historique de Rueil-Malmaison et sa petite-fille en personne leur ont fait découvrir l’homme derrière le soldat. « Les enfants ont été très sensibles à son histoire, relève Marielle Siegwart, enseignante. Marcel Pourtout est devenu leur héros ! »