L’impératrice Joséphine

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Le 29 mai 1814, l’impératrice Joséphine s’éteignait à Rueil. Portrait d’une femme au destin exceptionnel qui a influencé toute une époque.

Née le 23  juin 1763 aux Trois-Îlets, en Martinique, Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie est la fille aînée de Rose Claire des Vergers de Sannois et de Joseph Gaspard Tascher de La Pagerie, dont la fortune repose sur l’exploitation de la canne à sucre. Après avoir reçu l’éducation d’une jeune fille de haute extraction, elle est unie au vicomte Alexandre de Beauharnais, qu’elle suit en France. Mère de deux enfants, Eugène et Hortense, la jeune femme devait souffrir des frasques d’un mari volage et dépensier au point de réclamer la séparation, en 1785. Trois ans plus tard, elle regagne la Martinique.

Rescapée de la tourmente

En 1790, alors que les troubles révolutionnaires atteignent les Antilles françaises, elle embarque de nouveau pour Paris, où Alexandre occupe le poste prestigieux mais exposé de président de l’Assemblée constituante. Après la dissolution de cette dernière, il rallie l’armée du Rhin. Tenu responsable de la chute de Mayence en juillet 1793, il est incarcéré à la prison des Carmes. Dénoncée à son tour, son épouse allait le rejoindre dans les geôles de la Terreur. Le commandant en chef déchu est guillotiné le 23 juillet 1794, tandis que Rose (qui ne s’appelle pas encore Joséphine) échappe de justesse au couperet à la faveur de la chute de Robespierre, le 9 Thermidor de l’an II.

Une femme en vue

Libérée le 6 août 1794, dépossédée de ses biens et chargée de famille, elle met habilement à profit ses relations avec les élites d’Ancien Régime afin de recouvrer l’aisance sociale due à son rang. En quête de soutiens politiques, elle se rapproche de Barras, figure de proue du Directoire. Lors d’un dîner mondain, celui-ci lui présente l’officier prometteur Napoléon Bonaparte, qui succombe à son charme. Bien qu’elle ne partage pas les sentiments qu’il lui voue, la veuve trentenaire, rebaptisée Joséphine par son prétendant, accepte le mariage, au grand dam du clan corse. Sitôt les noces célébrées, le 9  mars 1796, le général en chef de l’armée d’Italie tout juste promu entame une brillante campagne militaire. Les conquêtes d’une autre nature menées par Joséphine, de même que les infidélités de Napoléon, entachent néanmoins le bonheur du couple.

Le temps de la consécration

Toutefois, à partir du 18  Brumaire (9 novembre 1799) et plus encore après le sacre (2 décembre 1804), Joséphine endosse pleinement son rôle d’épouse de chef d’État. Faute d’être à même d’assurer la continuité dynastique, l’impératrice des Français doit se résoudre au divorce, prononcé le 15 décembre 1809. Napoléon lui permet de conserver son titre et lui accorde la propriété du château de Malmaison, acquis en 1799, et du château de Navarre. L’empereur lui attribue au demeurant une généreuse rente, destinée à satisfaire son train de vie dispendieux et sa proverbiale coquetterie. À Malmaison, qu’elle aménage fastueusement, elle donne libre cours à sa passion de la botanique et des animaux exotiques. En 1814, après l’abdication de Napoléon et l’avènement de la Restauration, elle reçoit le soutien du tsar Alexandre Ier, qui intercède en sa faveur auprès de Louis XVIII. Alors qu’elle reçoit le souverain russe avec sa fille Hortense au château de Saint-Leu, elle contracte une pneumonie qui l’emporte en quelques jours. Ses funérailles sont célébrées le 2 juin 1814 en l’église Saint-Pierre Saint-Paul, en présence du Tout-Paris et de délégations étrangères. Ironie du sort, le sang de celle qui ne pouvait pas donner d’héritier à Napoléon coule, aujourd’hui encore, dans les veines de nombre de monarques et princes européens.