À l’heure suisse

Publié le - Mis à jour le

Il y a trois cents ans, Rueil-Malmaison accueillait quelque deux cents soldats du régiment des Gardes suisses de Louis XIV nouvellement créé. Leur séjour se prolongera jusqu’en 1792, ces jeunes hommes s’intégrant progressivement dans la vie du village d’alors.

Jeunes, grands, robustes, portant les cheveux mi-longs, une barbe et une moustache… Les deux cents Gardes suisses cantonnés à Rueil-Malmaison en 1617 sont quelque peu redoutés dans ce qui n’est encore qu’un petit bourg rural de 1 300 âmes. Mais l’ordre vient du roi, alors on s’exécute : les habitants leur fournissent literie, ustensiles de cuisine et bois de chauffage. Certains les accueillent chez eux, les autres étant hébergés dans des locaux retenus par le syndic (maire) et l’officier suisse. Il faut aussi leur prêter des chevaux pour qu’ils puissent aller remplir leur mission. Les Gardes suisses sont en effet chargés de garder l’extérieur des édifices royaux, de maintenir l’ordre à Paris et de suivre le roi à la guerre, en première ligne. Pour créer ce régiment, point d’orgue d’une alliance franco-suisse initiée par Louis XI en 1483, les soldats ont été choisis parmi les plus valeureux, fidèles et disciplinés.

Jusqu’à la Révolution

Ce ne sont pas des soudards. Ils perçoivent une solde, bénéficient de privilèges et peuvent commercer dans le bourg. Leur présence en nombre, colorée, avec leurs habits rouges bordés de bleu, et musicale, avec leurs fifres et leurs tambours, apporte de l’animation. Entre les Gardes suisses et les habitants, la vie s’organise, des liens se tissent. Mariages, naissances, baptêmes, décès : les registres paroissiaux révèlent la participation de ces soldats étrangers dans le quotidien du village. En 1750 pourtant, le roi Louis XV fait créer trois casernes. Les nouvelles recrues y vivront séparées de la population locale. La Révolution sonne le glas de ce régiment. Les idées révolutionnaires gagnent la caserne, des soldats sont renvoyés, les officiers et les notables locaux répriment tout mouvement jugé séditieux. Puis le 10 août 1792, alors que les Gardes suisses défendent le palais des Tuileries, un ordre royal les laisse sans armes. C’est le carnage : les soldats tombent, mutilés par des armes improvisées par une foule en furie. Le lieutenant Bonaparte assiste à la scène, horrifié. Après 176 ans de bons et loyaux services auprès des rois, le régiment des Gardes suisses n’existe plus. À Rueil, les quelques soldats demeurés à la caserne enterrent leurs drapeaux et se cachent aux alentours.

Des fonctions importantes

Des descendants civils de Gardes suisses ainsi que des «  vétérans  » restent. Certains occuperont par la suite des fonctions municipales importantes, tel Pierre Busset, qui signera en 1814 l’acte de décès de l’impératrice Joséphine. De nos jours encore, l’absence de « groupes suisses » à Rueil témoigne de l’intégration réussie de ces vaillants soldats au sein de la population de notre ville.

 

Musée des Gardes Suisses
Classée monument historique depuis 1793, la caserne des Gardes Suisses de Rueil est la seule qui existe encore. À quelques pas de là, dans les bâtiments tout proches autrefois annexés à la caserne, est abrité le Musée des Gardes Suisses, voué à honorer la mémoire de ce corps. Unique en France, le musée rassemble différents objets et costumes ayant appartenu aux militaires, et dispose d’un centre de documentation auquel nombre d’étudiants et de familles désireuses d’effectuer une recherche généalogique font référence. Visite sur demande au 01 47 32 66 50 ou par mail à musee-municipal@mairie-rueilmalmaison.fr