Levez les yeux !

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Pas jusqu’au ciel, juste sur les façades des villas et des immeubles érigés à la fin du XIXe siècle, autour de la gare notamment. Vous y découvrirez de magnifiques céramiques ornementales, caractéristiques de l’architecture de cette époque.

Pour les uns, ce ne sont que des carreaux. Pour les autres, des témoignages historiques de toute beauté. « La céramique architecturale s’est développée à partir du milieu du XIXe siècle, à la faveur de l’arrivée du chemin de fer et de l’émergence de nouveaux quartiers résidentiels autour des gares, explique Yvette Le Page, membre de la Société historique de Rueil-Malmaison. La mode est alors au mélange des styles, au goût pour la couleur, aux matériaux bon marché. Les carreaux de céramique émaillée, qui sont réalisés à l’échelle industrielle et étroitement liés au bâtiment, constituent des décors colorés peu coûteux, résistants et d’entretien aisé. » Des motifs en briques vernies, floraux, d’inspiration Renaissance, Art nouveau ou encore Art déco, créés par des peintres prestigieux (Mucha, Simas, Arnoux, Sandier, Chéret, Grasset…) ou moins connus, orneront ainsi abondamment les façades jusque dans les années 1930.

Un coup de foudre

C’est au détour d’une rue qu’Yvette Le Page découvre cet art singulier. « J’ai eu un véritable coup de foudre pour une maison tout à fait charmante mais vouée à la démolition, qui affichait de remarquables céramiques architecturales », se souvient-elle. Par ses recherches et la consultation d’anciens catalogues de vente, elle identifie la manufacture à l’origine des frises végétales. Les panneaux aux jeunes femmes restent quant à eux une énigme. « Ce décor n’est pas unique mais rare, souligne la Rueilloise. Il avait sûrement été créé à la demande du client. »

Cette villa, située au 40 avenue Paul Doumer, a aujourd’hui laissé place à un programme immobilier. La mobilisation d’Yvette Le Page, ajoutée à la sensibilité du maire pour le « petit » patrimoine, a cependant permis de sauver ce témoignage du passé architectural et industriel. « Les céramiques ont été déposées, fait savoir Olivier de la Serre, adjoint au maire aux Affaires culturelles. Une étude est en cours pour évaluer la possibilité de leur restauration. »

Patrimoine discret

En attendant, de nombreux décors de céramique restent à voir sur les façades des villas et des immeubles rueillois, essentiellement entre la gare et le centre ville, avenue Albert 1er, Cantorum, de Seine etc. « Une visite guidée a été proposée lors des Journées européennes du patrimoine mi-septembre et nous envisageons d’en proposer des nouvelles », indique Claire Maurer-Montauzé, directrice du musée d’histoire locale. Tout un chacun peut cependant découvrir seul et à son rythme ce patrimoine discret, lors de ses trajets quotidiens ou de ses déambulations, à Rueil mais aussi Suresnes, Colombes… « Dans toutes les villes de France, on trouve des céramiques architecturales  », confirme Yvette Le Page, toujours à l’affût de nouveaux « trésors » lorsqu’elle voyage en train. Vous aussi, ouvrez l’œil !