La rue Hervet avant Louis Hervet

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Les travaux dans la rue Hervet et les itinéraires alternatifs proposés nous ont rappelés, une fois de plus, l’importance de cette voie dans la circulation du centre-ville.  Le problème ne date pas d’hier...

Artère commerciale par excellence, l’actuelle rue Hervet n’abrite pas de boulangerie. Pourtant, à l’origine, lorsqu’elle s’appelait rue du Four-à-Ban, les habitants allaient y faire cuire leur pain, moyennant une redevance payée au seigneur.  Ensuite, menant à l’église Saint-Pierre Saint-Paul, elle prit le nom de rue Saint-Pierre. Ce n’est qu’à partir de 1894 qu’elle se dénomma rue Louis-Hervet, en hommage à l’ancien maire (lire encadré).

Circulation interdite

Pendant plusieurs siècles, elle fut l’une des rues les plus étroites, insalubres et incommodes de la ville. Il n’y avait pas d’égout, et les fumiers stagnaient dans les cours, générant un immense foyer d’infection. De plus, un boucher avait des étables pour les vaches, les bœufs et les moutons qu’il tuait sur place. La rue était si étroite que deux voitures ne pouvaient s’y croiser sans monter sur les trottoirs. En 1858, un arrêté est donc pris pour y interdire la circulation des voitures attelées de plus d’un cheval.

Des travaux d’élargissement

En 1865, une pétition est déposée à la mairie, demandant l’élargissement de la rue et la démolition de ses maisons insalubres. Cette requête était si raisonnable que le conseil municipal la vota avec enthousiasme. Cependant, des oppositions se manifestèrent devant l’importance de la dépense, d’autant plus qu’il était également envisagé de construire un nouvel hôtel de ville. On craignait l’augmentation des impôts. Les cultivateurs et vignerons, qui formaient la plus grande partie de la population, n’y trouvaient aucun intérêt : il y avait d’autres travaux plus urgents à exécuter, qui intéressaient toute la population et non seulement les riverains de la rue Saint-Pierre ! En mai 1867, les expropriations commencèrent enfin, mais la guerre de 1870 interrompit les projets. Il fallut attendre encore une dizaine d’années pour voir se réaliser l’élargissement de cette rue à son niveau actuel.

 

Louis Hervet, un homme de bien (Paris 1832-Rueil 1884)
Époux de la petite-fille orpheline de Frédéric Lelièvre, propriétaire d’un beau domaine jouxtant le château de Malmaison, Louis Hervet fut nommé, en 1870, président de la commission administrative qui géra la commune au moment de l’arrivée des Prussiens  : il montra un dévouement et une énergie remarquables pour faire face à toutes les difficultés de la situation. Pendant l’occupation de la ville, il sut, par son sang-froid, sa fermeté, sa modération, faire face aux exigences des vainqueurs, évitant peut-être ainsi les dévastations subies par Garches et Saint-Cloud. Cela lui valut d’être décoré de la Légion d’honneur par le général Noël, le 6 juillet 1872. En 1871, il est nommé maire de Rueil et le resta jusqu’en 1881, année où il donna sa démission à la suite de différends personnels avec le préfet, malgré l’insistance de trois scrutins successifs du conseil municipal. Il mourut en 1884 dans sa propriété de Rueil, laissant « le souvenir d’un galant homme et d’un homme de bien, ainsi que la réputation d’un administrateur accompli ».