La première bataille de Buzenval

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À l’heure où les habitués des balades dans le parc naturel urbain se réjouissent du nouveau chemin piéton aménagé dans la rue du Commandant Jacquot, coup de projecteur sur ce personnage historique et sur les combats qui se sont déroulés en ces lieux pendant la guerre franco-prussienne.

En 1870, à la suite de la capitulation de Sedan, les armées prussiennes et leurs alliés déferlent sur le nord de la France jusqu’à Paris, qu’ils assiègent. Le 4 septembre, Napoléon III est déchu, et la IIIe République est proclamée. Sur le front rueillois Tandis que les habitants de la capitale retiennent leur souffle, des lignes de défense sont établies tout autour de ce qu’on appelle aujourd’hui la petite couronne. À Rueil, elle s’étend de Bougival à Garches, Villeneuve-l’Étang et au mur du parc de Saint-Cloud, en passant par Malmaison, la Jonchère, la lisière du bois de Saint-Cucufa et Buzenval. C’est là qu’eut lieu la première bataille de Buzenval (à ne pas confondre avec la seconde, plus célèbre, qui se déroula le 19 janvier 1871).

Au cœur de la bataille

En 1870, à la mi-octobre, le général Ducrot, commandant les troupes françaises, ayant remarqué que les avant-postes prussiens gagnaient du terrain, décide d’exécuter une opération de grande envergure. « Le 21 octobre, à 1h30, le mont Valérien donne, par trois coups de canon, le signal de l’attaque. L’artillerie ouvre le feu côté Rueil. Les troupes aux ordres des généraux Berthout et Noël et du lieutenant-colonel Cholleton se portent en avant et se lancent à l’assaut des lignes ennemies », résume Dominique Lécroart de la S.H.R.M. C’est à ce moment que la 6e compagnie de zouaves du commandant Jacquot pénètre dans le parc de Malmaison et refoule les Prussiens. Appuyé par les renforts, le commandant, mettant son képi au bout de son sabre, fait sonner la charge, s’élance sur les pentes couvertes de vignes et se retrouve au milieu des lignes prussiennes. Gravement blessé, il décède dans l’ambulance allemande qui le transporte. Son corps est rendu aux troupes françaises quelques jours plus tard.

Des dégâts au château de Malmaison

Des croquis et des tableaux de l’époque témoignent de cette bataille. L’on y découvre différents sites, parmi lesquels le domaine de Malmaison où les Prussiens causent de nombreux dégâts à l’intérieur du château. D’autres combats sont menés dans le parc de Richelieu vers la porte de Longboyau (lire encadré) et du côté de Buzenval, où le château est repris par les troupes françaises qui se heurtent, malgré tout, à une violente contre-attaque des Prussiens à la suite de laquelle le général Ducrot ordonne de battre en retraite. Les pertes françaises sont importantes (541 hommes hors de combat, contre 411 du côté allemand), et le seul résultat de cette bataille est d’avoir obligé les Prussiens à se maintenir sur la ligne de défense jusqu’au 19 janvier 1871, date de l’ultime bataille de Buzenval.

 

Aujourd’hui, deux sites conservent le souvenir  de cette journée :

•  À l’entrée du bois de  Saint-Cucufa vers la rue  du Général-de-Miribel  Un grand panneau représente le tableau d’Alphonse de Neuville, La Défense de la porte de Longboyau.

 Peintre d’histoire ayant lui-même combattu pendant cette guerre, Alphonse de Neuville reproduit fidèlement la scène de bataille.

• En face du 10 rue du Commandant Jacquot Un enclos fermé par une grille rappelle les combats qui se sont déroulés à cet emplacement, le 21 octobre 1870. Huit militaires français et prussiens sont enterrés dans ce monument construit par Mme et M. de Kreuznach. Leur fils unique de 19 ans, tout juste admis à Saint-Cyr, voulut s’engager dès la déclaration de guerre. Il est tué au cours de cette bataille. En 1873, son père, souhaitant lui donner une sépulture digne, rachète le terrain et il y fait édifier un monument. En 1902, il en fait don à l’État.  À l’heure actuelle, comme d’autres tombes et monuments commémoratifs, il est entretenu par le Souvenir français, très actif à Rueil.