Janine Charrat, au-delà des étoiles

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Portrait de Janine Charrat, danseuse et chorégraphe d’exception, rueilloise depuis le milieu des années 1980.

Il fallait bien une exposition pour faire découvrir aux Rueillois une carrière aussi prolifique que celle de Janine Charrat, danseuse d’une extraordinaire popularité dans les années d'après-guerre et dont le talent de chorégraphe a été très longtemps sous-estimé. Ainsi le maire a souhaité qu'à travers cet événement, la Ville rende hommage à l'une de ses plus célèbres citoyennes.


Le petit Mozart de la danse

Née en 1924 à Grenoble, Janine Charrat démarre sa carrière à l’âge de 13 ans, lorsqu'elle devient une vedette de cinéma grâce au film La Mort du cygne. « À l'époque, on la surnomme ”le petit Mozart de la danse”, indique Claire Maurer-Montauzé, directrice du musée d'histoire locale et commissaire de l’exposition. C'est à cette occasion qu'elle rencontre Serge Lifar, qui devient son maître et qui – après de nombreux récitals donnés avec Roland Petit – l’amène à intégrer les Ballets de Monte-Carlo. »


Une femme d’exception

Parmi les premières femmes chorégraphes, en explorant des voies qui allaient être reprises par les plus grands chorégraphes du XXe siècle – suspension des danseurs par des élastiques, danse sur de la musique concrète – Janine Charrat a su créer un nouveau langage qui s’appuie souvent sur des textes littéraires ou des œuvres musicales d'auteurs contemporains (Jean Genet, Marius Constant, Sartre ou Cocteau...) qui faisaient également partie de son entourage. Fidèle à son image d'enfant-prodige, elle réalise, à seulement 19 ans, sa première chorégraphie : Jeu de cartes, d’Igor Stravinsky (en offrant à Jean Babilée le rôle qui l’a rendu célèbre). Dix ans plus tard en 1955, elle forme sa propre compagnie avec laquelle elle crée ses plus grands succès et tourne à travers le monde. Cependant, son travail et ses apports à la danse restent méconnus. « Janine Charrat serait un homme, il y a longtemps que sa place serait celle des plus célèbres parmi ses camarades », disait d'elle le musicologue Antoine Goléa.


Conseillère au centre Pompidou

« Sa vie est un vrai roman mêlé de passions et de malchance », poursuit Claire Maurer-Montauzé. En effet, en 1961, lors d'un tournage sur un plateau télé, sa robe de tulle prend feu. Des longs mois d’hôpital s'en suivent et enfin, contre toute attente, elle réussit à reprendre miraculeusement sa carrière. Puis en 1978, elle est nommée conseillère pour la danse au centre Georges-Pompidou où elle assure la programmation et invite de jeunes chorégraphes contemporains français et étrangers pendant dix ans. « L'importante donation – articles de presse, photographies et films – reçue l’an dernier par les archives municipales nous permet aujourd’hui de lui rendre un premier hommage », conclut l'organisatrice de l'exposition.

 

Aux visiteurs de se rendre compte, à l'instar de son ami Jean Cocteau, que « Janine Charrat, marcheuse solitaire, [est allée] au-delà des étoiles. »