Histoire de maires

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Le mode de scrutin des élections municipales tel qu’on le connaît aujourd’hui (plusieurs listes de candidats et deux tours) est assez récent (1982-1983). La démocratie, les institutions et les fonctions se sont forgées et affirmées à travers les époques, tout comme la vie politique à Rueil.

Si le mot maior – indiquant celui qui administre le village pour le compte du seigneur – trouve son origine dans un ouvrage du IXe siècle, la naissance de la commune remonte au XIe siècle, tandis que le maire, en tant que représentant juridique et politique de celle-ci, fait son apparition au XIIe siècle. 

Le premier maire de Rueil

Les élections municipales ont réellement débuté en 1790, lorsque la commune devint la base du système administratif, à la suite des réformes de l’Assemblée constituante. Les maires et les « officiers » municipaux étaient élus pour deux ans par les citoyens actifs (les plus aisés). À Rueil, le premier maire élu a été Henri Delamanche, écuyer, avocat au Parlement. Deux ans plus tard, après l’instauration du suffrage universel (pour les hommes âgés de 21 ans et plus), ce fut au tour d’Aaron Lavopierre, boucher. « Il a fallu une semaine pour élire démocratiquement une municipalité composée du maire, de huit "officiers" et de dix-huit "conseillers notables" à consulter pour certaines affaires », explique Aline Vojtovic, membre de la Société historique de Rueil-Malmaison (S.H.R.M.) et auteur du livre Rueil-Malmaison (1789-1939), démocratie locale et identité urbaine. Les électeurs (entre 60 et 160 selon les jours) réunis à l’église Saint Pierre Saint-Paul, ont observé un « rituel » qui a perduré : formation d’un bureau, bulletins de vote blancs que l’on remplit sur place et qu’on met dans un vase ou une boîte, proclamation des résultats, rédaction d’un procès-verbal envoyé ensuite à l’administration du département. 

Les « listes de notables »

En 1795, le Directoire a supprimé les municipalités de moins de 5000 habitants : c’est le chef-lieu du canton (Marly pour Rueil) qui devint « municipalité cantonale » formée de représentants de chaque commune, élus à bulletin secret uniquement par les citoyens actifs. En 1799, le Premier consul institua à nouveau les communes et le suffrage universel, mais celui-ci ne concernait que l’approbation de « listes de notables » que le préfet choisissait. Ce système a été en vigueur pendant l’Empire et même sous la Restauration. 

Scrutin secret à l’aide de boules

À la suite de la Révolution de 1830, la loi électorale fut modifiée : le conseil municipal était élu pour six ans au suffrage censitaire, mais, en son sein, le maire et les adjoints étaient nommés par le roi ou le préfet. « Pour ces élections, on divisait le corps électoral en trois sections géographiques, convoquées pendant trois jours » ajoute Liliane Kalenitchenko, ancienne chargée de mission au cabinet du maire et mémoire de la ville, aujourd’hui décédée. « Après le dépouillement, on brûlait les bulletins. Environ 250 Rueillois votaient sur 3500 habitants ! » 
« En séance, le conseil procédait par main levée ou par scrutin secret à l’aide de boules noires et blanches mises dans un sac, comme c’était la coutume dans les loges maçonniques » poursuit Aline Vojtovic. « Le travail se faisait en commissions spécialisées. De plus, les trente citoyens les plus imposés étaient consultés pour les questions les plus importantes. »

Vers l’ère contemporaine

En 1848, le gouvernement provisoire rétablit le suffrage universel. Le vote fut organisé par section géographique et par scrutin de liste sur deux jours (dimanche et lundi). Des cartes d’électeur étaient établies, et les listes électorales étaient paraphées par un scrutateur quand l’électeur avait voté. Les conseillers municipaux se réunissaient pour élire le maire et deux adjoints. Sous le Second Empire, ces modalités étaient encore en usage, mais le gouvernement soutenait les listes officielles (à Rueil, celle d’Adrien Cramail, bonapartiste convaincu, élu maire en 1848). En 1870 la IIIe République fut proclamée. En 1884 la « loi municipale » récapitulait le dispositif des institutions communales et des élections : cartes d’électeur, listes électorales, affiches, professions de foi et bulletins de vote. Le conseil municipal se tenait dans un local permanent : la mairie. En 1913, on ajoutait à ces modalités l’isoloir, les panneaux d’affichage, le vote sous enveloppe, la conservation des bulletins nuls et blancs. Le mandat variait entre quatre et six ans. 

 

En 1929, Rueil comptait 5149 électeurs et cinq bureaux de vote.