Du château du Val au siège de Novartis

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En attendant de profiter de la vue sur le futur parc, retour sur les lieux à l’époque du cardinal de Richelieu, ancien propriétaire du domaine.

En passant par la rue du Château au centre-ville, qui ne s’est jamais demandé pourquoi elle a été nommée ainsi ? En effet, le château de Malmaison, auquel tout Rueillois pense d’emblée, se situe ailleurs. En réalité, la topographie fait référence au château du Val, démoli, hélas, au XIXe siècle.

Origine du château du Val

On retrouve les premières traces du domaine en 1606, dans l’acte de vente entre Pierre de la Bruyère et « messire Jehan de Moisset, conseiller du Roi ». Anobli, le seigneur du Val de Rueil, de la Grande Maison et du fief de la Pallée disposait d’une immense fortune qu’il utilisa, entre autres, pour aménager sa demeure et y organiser des fêtes splendides. « Le roi et ses courtisans ne dédaignaient pas se rendre chez lui, indique Dominique Lécroart, membre de la S.H.R.M. Il semblerait, en outre, que ce château eût abrité les amours d’Henri IV, notamment avec Jacqueline du Bueil. »

Richelieu

Après la mort du roi et la période tumultueuse qui s’ensuivit, sous Louis XIII, le pouvoir se concentre entre Saint Germain et Paris. C’est à cette époque que le cardinal de Richelieu, souhaitant se rapprocher du roi, acheta le château du Val à Maître Pierre Payen, qui l’avait hérité de Jean de Moisset. « Par arrêt de la cour des Aides du 27 août 1633, les ventes et adjudications des châteaux et maisons seigneuriales du Val de Rueil en Parisis sont prononcées en faveur d’Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu » citait Liliane Kalenitchenko, ancienne chargée de mission au cabinet du maire.

Lieu de pouvoir

Richelieu fit de ce château une demeure somptueuse en y apportant sans cesse des améliorations et en y construisant une chapelle, un théâtre, un jeu de paume et surtout un jardin à l’italienne. Inspiré de celui de la Villa d’Este de Tivoli, il abritait des bassins, des grottes de rocaille, des fontaines et une grande cascade (d’où l’allée de la Cascade d’aujourd’hui), comme au château de Saint-Cloud. « Pour Richelieu, sa demeure rueilloise offrait l’avantage d’être à la fois proche de Paris, Versailles et Saint-Germain, poursuit Dominique Lécroart. Souvent, les affaires d’État y étaient réglées. En 1635, c’est au château du Val que fut signé le traité de Rueil rattachant la ville de Colmar à la France ! » La même année, c’est également ici qui furent signés les statuts pour la création de l’Académie française.

Le père Joseph

Pour l’aider à concilier les exigences de sa carrière et sa fonction ecclésiastique, Richelieu fut épaulé par le père Joseph, surnommé « l’Éminence grise ». En 1638, lorsqu’il tomba malade, le cardinal insista pour qu’il vienne à Rueil, où il mourut le 18 décembre de la même année. C’est en mémoire de ce séjour que l’ancienne maison de l’intendant (qui a survécu à la destruction), abritant aujourd’hui le centre culturel l’Ermitage, porte le nom de « Maison du père Joseph ».

La démolition

Après la mort du cardinal, le château devint propriété de sa nièce, la duchesse d’Aiguillon. Il allait rester dans la famille jusqu’à la Révolution. En 1800, il devint propriété du maréchal Masséna. En 1832, ses héritiers le vendirent aux familles Lemarié et Mercier qui divisèrent le domaine en lots. L’un d’entre eux devint la propriété de la société Novartis .

Depuis cet article, le groupe Novartis a détruit son siège et il est en train d’un construire un nouveau à Rueil-sur-Seine. La société à vendu ses terrain à un groupe immobilier, mais le maire a négocié le droit d’accéder au parc pour tous les Rueillois.

 

Novartis
Au début du XXe siècle, sur l’un des lots de l’ancien domaine, le célèbre comédien Jean Coquelin fit construire une très belle demeure appelée « le Manoir Richelieu ». Après avoir appartenu au physicien Georges Claude, elle fut vendue à la société Sandoz qui y établit son siège social, confiant la réalisation des travaux aux architectes Bernard Zehrfuss et Martin Burckhardt. Une dizaine de films y furent tournés, au moins partiellement ( Le Distrait, Traitement de choc, Domicile conjugal et même un James Bond !). En 1996, le bâtiment devint le siège de Novartis, à la suite de la fusion entre Ciba-Geigy et Sandoz.
Merci à René Sizaret.