Dernières demeures rueilloises

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Pendant des siècles, l’unique cimetière rueillois se situe autour de l’église Saint-Pierre Saint-Paul. Jusqu’en 1640, de nombreuses inhumations sont également réalisées au sein de l’édifice, avant de n’être réservées qu’aux grandes familles, puis interdites à la Révolution.

Premier transfert

Sous l’effet de l’augmentation de la population et par mesure d’hygiène, il est question, dès 1782, de déplacer le cimetière du bourg de Rueil dans un lieu plus approprié. En 1784, une convention est signée entre les habitants et Lewal, contrôleur général de la maison de monseigneur le comte d’Artois, stipulant qu'il destinerait un terrain à la création d’un cimetière à la périphérie de la rue du Four-à-Ban (actuelle rue Hervet).
Après de multiples tractations, un emplacement est finalement choisi en 1793 non loin du site initialement pressenti, sur la propriété de Madame de Villiers. Malgré les protestations de cette dernière, qui l’estime trop proche des habitations, le cimetière est construit à la lisière de la grand-route de Paris à Saint-Germain (dans le périmètre de l’actuelle place Jean-Jaurès).

Du cimetière ancien au cimetière des Bulvis

Confrontés à une forte croissance démographique, les habitants adressent en 1825 au maire, Monsieur Dherbés, une pétition réclamant un nouveau transfert du cimetière, dont la proximité avec les lieux de convivialité nuit à la solennité des enterrements et dont les miasmes incommodent les riverains. « Sous le rapport des mœurs et de la salubrité publique, il ne saurait être plus mal situé » résume la lettre. Le vœu des citoyens rejoint celui du conseil municipal de mettre en œuvre un plan d’alignement des rues et d’élargissement de places et carrefours. Faute de financement, il faut néanmoins attendre 1833 pour que soient entamés les travaux, au lieu-dit « les Basses Mollières ».
Ce qui allait devenir le « cimetière ancien » ouvre ses portes en 1837. Composé de fosses communes (3900 m2), de concessions temporaires (560 m2) et de concessions à perpétuité (1150 m2), il est agrandi en 1862. On y trouve les sépultures de personnalités rueilloises, ainsi que les tombes de soldats et citoyens morts pour la France (guerre de 1870, Première et Deuxième Guerre mondiale, guerres d’Afrique du Nord et d’Indochine) et autres monuments commémoratifs, entretenus par le Souvenir français (lire encadré).
Le cimetière ancien conserve également la mémoire de catastrophes qui ont endeuillé notre cité, telle l’explosion de l’épicerie Rocher (1873), le drame du feu d’artifice du 14 juillet 1903, le terrible incendie du cinéma Le Sélect (1947) ou encore la noyade collective des employés des établissements Bauchet à Riva Bella (1955). Face à sa rapide saturation, l’établissement d’un second cimetière * est envisagé au début des années  40 au lieu-dit « les hauts Bulvis ».
Signé par le président du gouvernement provisoire Georges Bidault et par Édouard Depreux, ministre de l’Intérieur, le décret le déclarant d’utilité publique paraît au Journal officiel le 8 novembre 1946. Le cimetière des Bulvis (qui abrite également le nouveau cimetière de Suresnes) est inauguré en janvier 1952, puis étendu en 1957.

•  Cimetière ancien : 1 place du Souvenir-Français  Tél : 01 47 49 09 20 •  Cimetière des Bulvis :  108 route de l’Empereur   Tél : 01 47 49 26 89 •  Cimetière :  rue du Commandant-Jacquot

* Rueil compte également un troisième petit cimetière, rue du Commandant-Jacquot, qui vient d'être réhabilité grâce au Souvenir français.

Mourir et reposer à Rueil. Une fatalité naturelle qui a fait l’objet de bien des débats parmi nos concitoyens, à l’époque moderne et contemporaine

Le Souvenir français, gardien de la mémoire

Association patriotique et de mémoire dédiée à la conservation des sépultures et à la transmission du sacrifice de ceux qui sont morts pour la France, le Souvenir français voit le jour en 1887 à la suite de l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine par l’Empire allemand. Fondé dès le 6 décembre 1901, son comité local veille, depuis, à la perpétuation de la mémoire des Rueillois qui sont tombés pour notre liberté. Sous l’impulsion de son président actuel, JeanPierre Didrit – également conseiller municipal –, le Souvenir français de Rueil-Malmaison, fort de plus de 300 adhérents, procède à l’entretien et au fleurissement des tombes et monuments et participe à de nombreuses cérémonies commémoratives et sorties scolaires, dans un souci de sensibilisation des jeunes générations. Il prend notamment part au ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe et à son transfert à Rueil chaque 19 janvier, date anniversaire de la bataille de Buzenval.

Contact : didrit.jeanpierre@free.fr

Les monuments

Le cimetière ancien abrite également de nombreux monuments et tombes remarquables, dont la sépulture des enfants de la reine Marie-Christine d’Espagne, décédés lors de l’exil de leur mère à Rueil, celles des curés de l’église Saint-Pierre Saint-Paul et des victimes des drames rueillois (les huit tués de la double explosion de l’épicerie Rocher du 25 juillet 1873, les deux enfants décédés lors du feu d’artifice du 14 juillet 1903, les 92 morts du terrible incendie du cinéma Le Sélect, le 30 août 1947, les 22 noyés de l’excursion en bateau des employés des établissements Bauchet à Riva Bella le 18 juin 1955), les monuments aux morts, stèles, tombes et ossuaires des combattants des guerres de 1870-1871, 1914-1918, 19391945, d’Afrique du Nord et d’Indochine, ainsi qu’un carré militaire (essentiellement 1914-1918) et un carré F.F.I.

Les tombes disparues

À la suite de la reprise de tombes en déshérence, en 1951, plusieurs sépultures ont malheureusement disparu, dont celles de Léonard Bertin, maire de Rueil, de Jacques Labiche, père du dramaturge Eugène Labiche, d’Alexandre Bertrand, jeune fils du général comte Bertrand, décédé sur l’île d’Elbe, de Louis-Émile Vanderburch, écrivain et dramaturge, de François Jacques Lamoureux, médecin de la maison de l’impératrice Joséphine, et du général Fiévet, chef d’état-major du général Mangin. Aussi, le Souvenir français a-t-il décidé qu’en cas de réaffectation ultérieure de concessions à perpétuité, les sépultures abandonnées où reposent des morts pour la France feraient l’objet d’un transfert de leurs restes dans une tombe de regroupement. Source principale : Le Cimetière ancien de Rueil-Malmaison, mairie de Rueil-Malmaison, 1999.

Un troisième cimetière méconnu

Récemment réhabilité par le Souvenir français, qui en assure l’entretien depuis 1902, le petit cimetière de la rue du CommandantJacquot a été construit, sur l’initiative des parents du défunt, à l’endroit précis où a été retrouvée la dépouille de Raoul Bohrer de Kreuznach, élève de Saint-Cyr tué à 19 ans lors de la bataille de la Malmaison, le 21 octobre 1870. Fait intéressant, les corps de neuf autres soldats, français et prussiens, tombés à proximité, ont également été ensevelis dans ce cimetière privé. Le terrain a fait l’objet d’une donation à l’État le 13 mai 1876.

Hors de Rueil...

Trois des plus illustres personnalités attachées à l’histoire de Rueil n’y sont pas inhumées. En effet, Edward Tuck (18421938) et Julia Stell (1850-1928), grands mécènes américains amoureux de notre ville, reposent au cimetière ancien de Saint-Germain-enLaye, où leur tombe est régulièrement entretenue par le Souvenir français, en mémoire des multiples bienfaits que le couple a prodigués à notre commune et à ses habitants. C’est également le cas de Jacques Baumel (1918-2006), maire de Rueil pendant plus de trois décennies (1971-2004), inhumé dans un cimetière du Calvados, où son épouse Louise l’a rejoint en 2013.